Cela a commencé à Paris le 8 septembre 2018 moins de 20 000 personnes selon la police, 50 000 selon les organisateurs marchent pour éveiller la conscience politique aux problèmes climatiques. Alors Bruxelles lui emboite le pas : 75 000 marcheurs le 2 décembre 2018… 70 000 à recommencer de battre le pavé ce 27 janvier 2019.

Combien serons-nous au prochain rendez-vous ? Et pourquoi ?

 

Il y a tant de choses que je fais sans réfléchir, sans réelle raison, avec pourtant la conviction profonde que je dois les faire. C’est comme cela que je me suis retrouvé dans un train venant de Louvain vers Ottignies pour prendre une correspondance vers Bruxelles Nord. Et là, Incroyable ! Le quai était rempli. Les wagons étaient déjà bondés ! Tous ne sont pas rentrés et beaucoup encore ont attendu le train suivant.

 

Le trajet n’est heureusement pas trop long, l’ambiance conviviale. Debout, comprimé, je ne peux m’empêcher de penser : « Mais qu’est ce que tu fous ici ?». J’ai 20 minutes pour y penser...

On se parle, on s’interpelle, on se reconnaît des amis. On rit beaucoup d’être ainsi entassés les uns sur les autres. Incroyable ! Je suis persuadé que dans d’autres circonstances, une telle situation aurait assurément valu maintes plaintes et lettres de rouspétance à la SNCB.

 

Sur place, le cortège démarre déjà. J’observe les groupes. Des jeunes, des mouvements de jeunesse, des mouvements politiques et une foule de gens anonymes avec des slogans et des phrases choc. Un géant, des ours polaires, des léopards bizarrement bipèdes et souriants et… un petit groupe d’apiculteurs !

 

Revenons une heure en arrière.

Je suis dans le train, je formule mes motivations dans ma tête. La mauvaise qualité de l’air bien qu’invisible m’est clairement apparue tout au long de ma carrière d’enseignant. En 1981 je rentre dans une école où 2 élèves souffre de l’asthme (ou tout au moins présentent des problèmes respiratoires). En fin de carrière j’en vois presque un par classe en moyenne. Bronchodilatateur, ventolin, sérétide, ... sont devenus des mots usuels pour nous les profs.

Mais cette foule vient marcher pour le climat, pas seulement pour la pollution. Or ce léger réchauffement je le vois aussi. Mes indicateurs ne sont plus mes élèves : ce sont mes abeilles. Leur cycle d’hivernage a changé. Elles se réveillent plus tôt et nous les observons plus longtemps en fin de saison. Et ça c’est clair, c’est net, c’est observable. Je sais pourquoi je marche.

Je ne marche pas seulement pour elles, je marche surtout parce qu’elles m’ont montré leur désorientation, leurs difficultés à faire face à la pollution et au changement de climat. Nous le savons tous, nous autres apiculteurs, qu’une abeille qui vole toujours en fin de saison vit moins longtemps. Alors en sortant si souvent et si tard en automne elles ne passent plus l’hiver. Les pontes des reines sont décalées, et nous sommes désorientés dans nos rythmes d’élevage, nous perdons des colonies.

 

Cela fait de nous des témoins ! j’ai su au moment où j’ai vu ces autres apiculteurs que je reviendrais. La fois suivante, encore et encore.

Oui, nous, nous savons. Nous pouvons dire que le climat change et que ce changement est néfaste à la survie des insectes polinisateurs qui hivernent. Que sont nos colonies face aux multiples abeilles sauvages dont dépendent tant de variétés florales ? Tout au plus 5 % de la population mondiale de celles-ci. Mais ce sont elles qui, par la voix des apiculteurs, nous interpellent, nous : les citoyens qui voulons que les choses changent.

 

Je sais maintenant quelles mouches les ont piqués : ce sont nos mouches à miel !

 

JM Doncq.

 

 

 

 

 

 

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