Acheter un pot de miel, c'est profiter d'un long processus de passionnés:

 

 

C'est un fait : l'apiculture en Wallonie est hobbyiste. La plupart des ruchers sont soignés par des amateurs au sens le plus noble du terme.

 

La ruche, même si elle comporte plusieurs dizaines de milliers d’habitants, est souvent vu par les apiculteurs comme un seul animal. On dit de celle-ci qu’elle est douce, de celle-là qu’elle est besogneuse d’une autre que c’est notre « raceuse ». Et même si parfois, on entend parler de la flemmarde, de la rosse, de la bricoleuse, de la bâtarde, de l’essaimmeuse… (j’en passe et des meilleures) nous nous attachons bien souvent à la plupart d’entre elles. Et quand vient le temps de la récolte, malgré le travail que cela représente, c’est souvent un plaisir. Ne croyez pas qu’il suffit d’ouvrir un robinet pour que le miel coule, c’est un travail complet si ce n’est complexe.

 

    

 

 

Il y a, bien évidemment, plusieurs manières de procéder et je ne permettrai pas de critiquer l’une ou l’autre, mais simplement de décrire, ici, ma méthode, et plus précisément la récolte printanière de 2023.

 Première étape : préparation et choix des cadres. 

 

         
 
Il y a, bien évidemment, plusieurs manières de procéder et je ne permettrai pas de critiquer l’une ou l’autre, mais simplement de décrire, ici, ma méthode, et plus précisément la récolte printanière de 2023. Première étape :le choix des cadres.  Quelques jours, avant d’extraire, je cherche un jour sec parmi les prévisions météorologiques. La veille, je vais placer mes chasse-abeilles. C’est un dispositif à mettre entre deux hausses qui fera en sorte que les abeilles qui descendent ne puissent remonter dans la partie qui sera récoltée le lendemain.    

Il s’agit évidemment d’une intervention qui demande plus que simplement le mettre entre le corps et les hausses. En effet, la colonie s’est souvent développée en fonction de taille de sa ruche et il ne faut pas concentrer tout le monde dans l’espace du corps de ruche. Je laisse sur le corps la grille à reine, au-dessus une hausse dans laquelle je place les cadres peu ou pas operculés. Souvent, j’y joins deux ou trois cadres nouvellement gaufrés. Je dépose le chasse-abeilles et mets la ou les hausses que je compte emporter le lendemain. Il ne faut pas s’inquiéter qu’une hausse soit incomplète après le chasse-abeilles. Pendant cette manipulation, je prélève souvent une goutte de miel pour en mesurer le taux d’humidité. Cette année (en 2023) j’ai été surpris par du miel venant de cadres totalement operculés dépassant allègrement les 19,5 %.

 

À contrario, des cadres fraîchement remplis sans aucun opercule présentaient un taux d’humidité inférieur à 17 %. Il faut dire que le début de ce printemps 2023 fut très pluvieux et que nous bénéficions d’un mois de juin sec et ensoleillé. Je mets donc, déjà, en fonction le déshumidificateur dans la pièce où je vais stocker les hausses.   
     
  Deuxième étape : récolte des cadres et stockage.           

erci les chasse-abeilles, le lendemain, quand j’ouvre le dessus des ruches, il ne reste sur les cadres que quelques abeilles que je brosse délicatement avant de déposer leur travail dans les deux boites de transport figurant dans le matériel disponible de notre section. Trente mètres de brouette plus loin, je remets les cadres dans les hausses que je dispose en colonne posée sur une base munie d'une moustiquaire et surélevée de quelques centimètres.

 

L’avantage des bacs de transport ? Ils sont fermés et mes amies ne me suivent pas jusqu’au lieu de stockage si près de mon rucher.

       
  
 

À Beauvechain, l'A.S.B.L. Bee Wing dispose, entre autres, d’une miellerie commune, mais il faut parfois attendre un jour ou deux entre notre récolte et l’extraction ; chacun son tour !

 

 

Si, entre ces deux étapes ou si, comme cette année, le miel est fort humide, je dispose, alors, au sommet de mes colonnes, un ventilateur qui brasse l’air sec du local (merci le déshumidificateur) entre les cadres récoltés.

 

 

 

 

Il ne me reste plus, le jour venu, qu’à charger les hausses et de me rendre au local.

 

 
   
 

 Troisième étape : extraction  

Troisième étape : extraction.    Une fois la petite mise en place du matériel terminée, je dispose les cadres sur le bac à désoperculer et, à l’aide d’une fourchette, j’ôte les opercules en commençant par le bas. Régulièrement, je teste l’humidité. Les cadres sont placés dans l’extracteur centrifuge qui, une fois lancé, permet d’éjecter le miel sur ses parois.

Le miel est doublement filtré et récolté dans des seaux. Cela évite de retrouver de la cire dans le miel.

On teste évidemment le taux d’humidité du miel de chaque seau et du résultat final. 

 

 

On teste évidemment le taux d’humidité du miel de chaque seau et du résultat final.   Mais pourquoi mesurer ce taux d’humidité ? Le miel est un aliment sucré pouvant fermenter et transformant ainsi le glucose en alcool. Au-delà de 17,5 %, les risques de fermentation apparaissent. Il est cependant très rare de voir un miel sous 18 % se mettre à fermenter. Plus le miel contient du fructose, moins il y a de risque. Plus il contient de glucose et plus le risque est élevé.  Le seul taux d’humidité n’est donc pas un indicateur absolu . Le taux d'ensemencement d'un miel par des moisissures (poussières) influe aussi sur la fermentation; un miel très propre ne fermentera pas alors que son taux d'humidité dépasse 18%. Attention, au-delà de 21 % le risque se mue petit à petit en certitude.

           

La mesure du taux d'humidité se fait avec un réfractomètre. Manipulez-le avec précaution et calibrez-le chaque année pour qu'il vous indique le taux exact.

Un kit de calibrage est constitué d'un liquide dont le taux d'humidité est précisé et d'un petit prisme de quelques mm. Placer une goutte sur le réfractomètre, déposer le prisme, refermer la partie transparente, dégager la vis de réglage et la tourner pour faire correspondre le taux du produit avec la visée. Ranger précautionneusement le petit prisme, sans celui-ci le kit est impossible à utiliser.

 

 

 Quatrième étape : maturation et ensemencement 

Le miel, à l’extraction, est presque toujours liquide. Mais il ne le restera pas : tous les miels cristallisent et deviennent plus ou moins durs. Ne rien faire, c’est risquer de se retrouver avec un miel très dur avec des cristaux de glucose pouvant faire croire au non-initié que l’on aurait ajouter du sucre.  Pour casser cette cristallisation « sauvage », on mélange régulièrement le miel dans son maturateur. Idéalement toutes les heures pendant une minute pendant … ? Personne ne le sait à l'avance : cela dépend, entre autres, du rapport glucose-fructose. Une autre méthode, celle que je pratique, est de garder un miel bien crémeux de l'an passé et d’en rajouter entre 5 et 10 % dans la récolte. On mélange régulièrement le tout pendant 2 jours. Le miel a alors tendance à rejoindre la texture ajoutée. Enfin, je descends la température a environ
 18 °C avec un air conditionné si nécessaire et en deux ou trois jours, le voilà prêt pour la suite.

 

 

 

 

 Cinquième étape : mise en pot et étiquetage  

La masse dans le maturateur va, un moment donné, marbrer puis devenir mat. Il faut alors le mettre rapidement en pot, car il est encore assez liquide. Rater ce signal peut vous amener à vous retrouver avec un gros pot de 100 kg de miel… Pour moi, la patience est de rigueur : une balance et remplir les pots un à un…

L’étiquetage se fait aussi de manière manuelle. J’utilise de la colle à tapisser qui ne laisse pas de trace sur les étiquettes que j’imprime et découpe à la main. Il ne reste plus qu'à les coller.

 

 

           
 

Dernière étape : mais, mais… cela dépasse le titre !

 

Oui, mais bon, juste pour les citer :

  • faire re-lécher les cadres,

  • trier et fondre la cire des cadres mal bâtis ou trop vieux,

  • ranger les hausses en les préservant de la fausse teigne,

  • ranger et nettoyer tout le matériel des étapes précédentes,

  • et enfin D É G U S T E R !

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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